Marché de transfert d’argent au Sénégal : L’hégémonie des banques classiques mise à rude épreuve

  Source: AMA - lesoleil.sn   |     06 Nov 2015 11:11

Les banques classiques et les institutions de micro-finances ont été, durant plusieurs années, les seuls acteurs du marché des transferts d’argent au Sénégal à travers des structures financières telles que Western union, Money gram, Money express. Mais, aujourd’hui, ces dernières semblent bousculées par d’autres concurrents qui grignotent les parts de marchés comme Wari, Joni-Joni, entre autres. Du côté des usagers, on se réjouit de la proximité et de la rapidité des services de ces structures. Toutefois, ces clients déplorent la cherté des frais de transfert et souhaitent leur baisse.

Difficile de circuler dans les rues de la capitale sans tomber sur une boutique où on offre de multiples services notamment le transfert d’argent. Ces cantines pullulent comme des champignons.

La moindre surface d’un angle d’une rue est transformée en un centre de services financiers. De véritables places financières décentralisées, devrait-on dire.

Au rond-point Jet d’eau, à une trentaine de mètres, une affiche publicitaire lumineuse indique la direction d’une bâtisse toute neuve peinte en blanc-gris. A l’intérieur, quelques clients prennent place sur les chaises rangées de part et d’autre. Au fond, Marie Sylla, une belle nymphe au joli teint clair, le regard attirant, le sourire accueillant, se concentre sur son ordinateur. Elle est au service de ses hôtes. L’impatience se lit sur les visages de certains d’entre eux. Mais le respect de l’ordre d’arrivée s’érige en règle.
Moustapha Kaba, 40 ans, est agent administratif. C’est la fin du mois. Il doit envoyer les frais de la dépense quotidienne au village. Et le moyen le plus rapide, selon lui, reste les structures de transferts d’argent. C’est pourquoi il s’est pointé dès les premières heures de la matinée pour s’acquitter de cette tâche avant de rejoindre le bureau. « Auparavant, je partais à l’ancienne gare routière de Pompiers pour envoyer de l’argent à mes parents. Maintenant qu’il existe d’autres mécanismes qui permettent de faire le même travail beaucoup plus rapide, je ne peux que m’en réjouir », se félicite-t-il.
Même sentiment de satisfaction chez un autre client Lamine Kairé, qui relève l’efficacité et la discrétion du service. Il vient d’envoyer un montant de 80.000 FCfa à son grand frère habitant à Bambèye pour les besoins de la finition de sa maison. Toutefois, il déplore les frais jugés « exorbitants » par rapport à la somme envoyée. « Sur le montant envoyé, j’ai payé 4.000 FCfa. Cela est trop cher », dénonce-t-il, invitant les responsables des opérateurs de transferts à revoir leur tarification d’envoi. A son avis, avec la multiplication des structures de transfert d’argent, on pourrait avoir des coûts beaucoup moins chers. La concurrence, argumente-t-il, doit profiter aux clients.

PAIEMENT MOBILE OU MOBILE BANKING : La revanche des exclus du système bancaire

La révolution des Tic n’a pas épargné l’univers des finances avec l’utilisation du téléphone portable dans les services financiers. Grâce à cet outil de communication, l’usager parvient également à ouvrir son propre compte, effectuer des transactions, faire des épargnes et régler ses factures. Autant d’opportunités qui constituent, selon certains analystes, une réponse au problème de la bancarisation que rencontre une bonne partie de la population. Face à la complexité des procédures administratives bancaires, à l’ignorance par bon nombre de la population du fonctionnement du système des banques, à la flambée usuraire des taux d’intérêts pratiqués par les institutions de crédit, l’avènement du paiement mobile ou « mobile banking » semble être une alternative pour combler ce gap. Aujourd’hui, la plupart des personnes qui n’ont pas la possibilité d’accéder aux banques, pour diverses raisons, se contentent à l’ouverture de compte à travers les opérateurs de téléphonie. Pour Abdoul Karim Sow, directeur du Centre de traitement informatisé du Sénégal (Ctisn), une structure s’activant dans les Services financiers décentralisés (Sfd), le « mobile banking » est un marché qui reste très dynamique avec de plus en plus d’acteurs qui essaient d’offrir encore plus de services en misant sur la convergence de plusieurs supports notamment la monétique.